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Hervé Fischer, l'agitateur interactif

Par Denis Fortier

Article publié par Le Monde, le 29 juillet 1996

Costume sombre, cravate, barbe grisonnante et lunettes rondes, Hervé Fischer cache bien son jeu. Ce normalien, philosophe, ancien maître de conférences à l'université Paris-V dans les années 70, théoricien de l'art sociologique, s'est taillé, depuis son installation au Québec, une réputation d'agitateur d'idées interactives. Parmi ses dernières réalisations, l'ouverture du premier café électronique au Québec, au cœur du vieux quartier de Montréal. Écoliers, étudiants, simples curieux ou branchés de la première heure se côtoient derrière l'un des cinquante terminaux mis à leur disposition pour environ 35 F de l'heure. Ils peuvent, au choix, consulter une médiathèque de CD-ROM ou naviguer sur Internet.

« Le café électronique fait partie de la Cité des arts et des nouvelles technologies de Montréal », rappelle Hervé Fischer. Ce centre à but non lucratif, qu'il a créé en 1985 en compagnie de Ginette Major, est devenu un rendez-vous de la création d'avant-garde. Une série de manifestations y sont organisées chaque année. Une exposition annuelle, « Images du Futur », a accueilli depuis sa création en 1986, plusieurs centaines d'œuvres et installations d'artistes internationaux. On peut également citer le Festival Téléscience, dédié aux documentaires, suivi chaque année par près de quarante mille personnes et diffusé sur Télé Québec.

Hervé Fischer est aussi l'initiateur du MIM, Marché international du multimédia, « trait d'union, entre les créateurs, les développeurs et les industriels du multimédia et de l'interactivité ». Ce mariage entre arts, culture et commerce fonctionne plutôt bien et ouvre des perspectives intéressantes dans un pays où « les inforoutes et l'édition électronique s'intègrent dans le quotidien d'une large part des habitants ». Son nouveau musée des sciences virtuel vise plutôt la sphère éducative : « Il ne s'agit pas de créer une cathédrale du savoir, mais plutôt un essaim de connaissances relié par un réseau dont le miel pourra être butiné via le Net. Ce cybermusée de la nouvelle génération est destiné aux écoles, qui pourront échanger des données via une centaine de terminaux et un serveur spécifique. La Cité des sciences de Paris est l'un des partenaires de cette opération ». De quoi pallier l'absence d'un musée des sciences à Montréal, pour un investissement et un coût d'exploitation infiniment moins important.

Le Monde / 29 / 07 / 1996.

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